Prédire la mort subite : le pari de l’IA

A lire dans LES ECHOS daté du 30 décembre 2022

EXTRAITS

En France, une personne toutes les dix minutes en est victime et elle n’a alors que moins d’une chance sur dix d’en réchapper : la « mort subite » foudroie sans prévenir, faisant subitement passer de vie à trépas des gens qui, bien souvent, ne se sentaient nullement mal portants dans les heures et les jours qui précédaient. Même des jeunes, sans problèmes cardiaques connus, peuvent connaître ce brutal et inexplicable arrêt du coeur.

Certes, la multiplication dans l’espace public des défibrillateurs et, surtout, la formation des jeunes générations aux « gestes qui sauvent » (dont l’apprentissage est devenu obligatoire dans les collèges) ont permis, ces douze dernières années, d’accroître sensiblement les chances de survie : alors que ce taux ne dépassait pas les 3 % en 2010, il se rapproche désormais du seuil des 10 % dans une région densément peuplée comme l’Ile-de-France (et s’établit à 7 % pour l’ensemble du territoire français), une progression résultant principalement du fait que le nombre de massages cardiaques pratiqués sur les victimes a doublé sur la période. Mais ce salutaire arbre-là ne grimpera pas jusqu’au ciel. Même dans les pays les plus avancés en matière de prévention-formation, on constate que, passé le seuil des 10 %, le taux de survie plafonne inexorablement.

 

Des « signaux faibles » avant-coureurs

Phénomène cardiaque par excellence, la mort subite tient depuis longtemps en échec la cardiologie et les cardiologues, incapables de la prédire et de la prévenir. Mais la donne est peut-être en passe de changer, grâce aux progrès de l’intelligence artificielle, seule capable de déceler, dans le parcours de soins d’un individu, des « signaux faibles » avant-coureurs. C’est du moins le credo qui anime le Professeur Xavier Jouven, cardiologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou et fondateur du Centre d’expertise de la mort subite à Paris.

Avec son équipe de recherche de l’Inserm consacrée à l’épidémiologie intégrative des maladies cardiovasculaires, il s’est rapproché de quelques-uns de nos meilleurs ingénieurs, statisticiens et autres experts en datamining (de l’Ensae Paris et de l’Ecole polytechnique, notamment) pour attaquer le problème par un autre biais. Une approche novatrice qui a reçu le soutien financier de la Fondation pour la recherche médicale et qui commence à produire ses premiers résultats.

 

Abandonner nos vieilles hypothèses

Face au persistant mystère de la mort subite, le Pr Jouven a décidé, tels les philosophes sceptiques de l’Antiquité, de pratiquer l’« épochè », la suspension du jugement. « L’idée de départ était d’abandonner toutes nos vieilles hypothèses de cardiologues sur la nature et les causes du phénomène, et d’élargir notre champ de vision à tout ce qui, dans l’état de santé global d’une personne, ne relevait pas de la cardiologie. Puis d’injecter cette masse de données de santé à un algorithme d’intelligence artificielle… et de voir où les maths nous emmenaient », raconte-t-il.

SUITE DE L’ARTICLE A LIRE sur le site des Echos

 

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